Soutenance de thèse de Badié HIMA

Ecole Doctorale
COGNITION, LANGAGE, EDUCATION
Spécialité
Philosophie
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
afrique,democratie,cultures,démocratisation,institutionnalisation politique,politiique
Keywords
africa,democracy,cultures,democratization,political institutionalization,politic
Titre de thèse
L'institutionnalisation de la démocratie en Afrique. Essai d'épistémologie politique
The institutionnalisation of democracy in Africa: Political Epistemology Essay
Date
Lundi 25 Novembre 2024 à 14:00
Adresse
Centre St Charles
Espace Pouillon
Jury
Directeur de these Mme Joelle ZASK Aix Marseille Université
Examinateur Mme Christine LEMAITRE Laboratoire de théorie du droit. AMU
Président M. Francis CHATEAURAYNAUD EHESS Paris
Examinateur M. Yves SCHWARTZ AMU
Rapporteur M. Didier CHABANET IDrac Business School Lyon
Rapporteur M. Yvon PESQUEUX CNAM Paris

Résumé de la thèse

Résumé Si « le jardin potager » est l’expérience authentique originale de la pratique démocratique, l’universalité de la démocratie peut être définitivement établie après plus d’un demi-siècle de débats et de controverses politiques en Afrique. C’est la diversité des pratiques démocratiques qui fonde ainsi son universalité. Pour Jôelle Zask, il n’y a pas de modèle unique, ou de « modèle politique préexistant », ou encore « une forme archétypale de la démocratie » qui permettent de comparer les institutions politiques. Il faut construire des institutions politiques adaptées aux réalités sociales et aux environnements culturels spécifiques sans pour autant s’inscrire dans du « pur culturalisme ». Les codes culturels ne peuvent pas, quant à eux, être un « eidos mystique, un sésame pour ouvrir toutes les portes » selon Malinowsky,, la culture étant par essence dynamique et évolutive. Ce travail vise à analyser les conditions épistémologiques d’une résilience démocratique en Afrique. Dans une première partie, il tente de construire un cadre conceptuel d’analyse de l’institutionnalisation politique de la démocratie. Il y est démontré successivement les fondements philosophiques d’une approche culturelle du développement politique et les principes et conditions politiques d’une institutionnalisation sans lesquels aucun système démocratique ne peut être résilient. Les quatre (4) critères de l’institutionnalisation chez Huntington et les trois (3) conditions démocratiques de la participation dans la philosophie de Joëlle Zask, se complètent sous la forme d’un corpus épistémologique servant de cadre référentiel et normatif à partir duquel le processus de démocratisation des sociétés africaines est ensuite analysé dans la deuxième partie du travail. L’État africain postindépendance ainsi que celui issu des Conférences Nationales Souveraines sont tous des États hybrides, révélateurs ainsi d’un régime d’hétéronomie. Leur institutionnalisation n’a pas été l’opportunité d’une construction politique pouvant fonder un régime de la liberté, sur la base des réalités endogènes et des besoins des sociétés africaines. Construit dans l’abstraction et la méconnaissance de l’infrastructure des relations effectives des hommes entre eux, sans référence ni ancrage dans la substance éthique et culturelle, l’État n’a pas été le produit d’une participation démocratique des citoyens dans sa réalité et son hétérogénéité historique concrètes, mais un bloc erratique, absolu. La refondation démocratique elle-même à l’issue des Conférences Nationales Souveraines des années 90 a été une seconde chance ratée par les sociétés africaines dans leur volonté d’institutionnaliser la démocratie. La troisième partie du travail esquisse les réformes nécessaires qui doivent être menées pour ancrer le système démocratique et les institutions qui l’animent dans le réel, conformément aux catégories de l’« autonomie », de l’ « adaptabilité », de la « complexité » et de la « cohérence » de Huntington et aux exigences d’une participation citoyenne effective non manipulatoire et instrumentale qui intègrent les différentes catégories de la participation politique chez Joëlle Zask, à savoir « prendre part », « contribuer » et « bénéficier ». Seul ce cadre référentiel peut créer les conditions d’une auto-législation et d’un dialogue politique véritable à même de fonder ce que Benjamin Barber appelle une « démocratie forte », autrement dit des institutions fortes et résilientes en Afrique. Mots clés Afrique, démocratie, institutions fortes, démocratisation, institutionnalisation, cultures, expérience, expérimentation, participation, autonomie, adaptabilité, cohérence, complexité, participation, participer, prendre part, bénéficier, citoyenneté, culture politique, développement politique.

Thesis resume

Abstract If "the vegetable garden" is the original authentic experience of democratic practices, the universality of democracy can be definitively established after more than half a century of political debate and controversy in Africa. It is the diversity of democratic practices that underpins its universality. According to Jöelle Zask, there is no single model, no "pre-existing political model", no "archetypal form of democracy" with which to compare political institutions. We need to build political institutions that are adapted to specific social realities and cultural environments, without falling into the trap of pure culturalism. Cultural codes, for their part, cannot be a "mystical eidos, a sesame to open all doors", as Malinowsky said, since culture is inherently dynamic and evolving. This research aims to analyze the epistemological conditions of democratic resilience in Africa. In the first part, it attempts to construct a conceptual framework for analyzing the political institutionalization of democracy. The philosophical foundations of a cultural approach to political development, and the political principles and conditions of institutionalization without which no democratic system can be resilient, are successively demonstrated. The four (4) criteria of Huntington's institutionalization and the three (3) democratic conditions of participation in Joëlle Zask's philosophy complement each other in the form of an epistemological corpus serving as a referential and normative framework from which the democratization process of African societies is then analyzed in the second part of the research. The post-independence African state, as well as that born of the National Sovereign Conferences, are all hybrid states, revealing a regime of heteronomy. Their institutionalization was not an opportunity for a political development able to found a regime of freedom, based on the endogenous realities and needs of African societies. Built in abstraction and ignorance of the infrastructure of effective human relationships, without reference to or anchoraging in ethical and cultural substance, the State was not the result of democratic participation by citizens in its concrete reality and historical heterogeneity, but an erratic, absolute block. The refounding of democracy itself following the Sovereign National Conferences of the 90s was a second chance missed by African societies in their desire to institutionalize democracy. The third part of this research outlines the necessary reforms must be carried out to anchor the democratic system and the institutions that animate it in reality, in accordance with Huntington's categories of "autonomy", "adaptability", "complexity" and "coherence", and with the requirements of effective, non-manipulative and instrumental citizen participation that integrate Joëlle Zask's different categories of political participation, namely "taking part", "contributing" and "benefiting". Only this frame of reference can create the conditions for self-legislation and genuine political dialogue that can lay the foundations for what Benjamin Barber calls "strong democracy" - in other words, strong, resilient institutions in Africa. Keywords Africa, democracy, strong institutions, democratization, institutionalization, cultures, experience, experimentation, participation, autonomy, adaptability, coherence, complexity, participate, taking part, contributing and benefiting, citizenship, political culture, political development.