Soutenance de thèse de Michel REY

Ecole Doctorale
Langues Lettres et Arts
Spécialité
ARTS : Musique et musicologie
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
Conservatoire de musique,Démocratie,Expérimentation,Participation,Droits culturels,Centre de ressources,
Keywords
Music conservatory,Democracy,experimentation,participation,Cultural rights,Center resources,
Titre de thèse
De l'institution culturelle à la fabrique d'un Centre de ressources. Le conservatoire intercommunal de musique du Pays d'Apt Luberon.
From the cultural institution to the fabric of a Resource Center. The intercommunal music conservatory of the Pays d'Apt Luberon.
Date
Lundi 5 Décembre 2022 à 14:00
Adresse
AMU, site Saint-Charles, 3 place Victor Hugo, 13331 Marseille cedex 3
Amphithéâtre Charve
Jury
CoDirecteur de these Mme Christine ESCLAPEZ Aix Marseille Université, PRISM UMR 7061
CoDirecteur de these Mme Joëlle ZASK UFR ALLSH, Département Arts
Rapporteur M. Antoine HENNION Centre de sociologie de l’innovation, Mines Paris, PSL Université/CNRS
Président M. Philippe LALITTE Sorbonne Université IReMus (UMR8223)
Examinateur M. Bruno Nassim ABOUDRAR Sorbonne nouvelle

Résumé de la thèse

De l’institution culturelle à la fabrique d’un tiers-lieu : l’exemple du conservatoire intercommunal de musique du Pays d’Apt Luberon. Confronté à l’urgence démocratique qui, au lendemain des attentats de 2015, mobilise nos institutions, le réseau des conservatoire d’enseignement artistique, de par son implantation sur l’ensemble du territoire national, apparaît au regard du ministère de la Culture comme l’un des outils majeurs d’une ère nouvelle en matière de politique culturelle. De fait, conviés à participer activement à la mise en œuvre d’une politique d’éducation artistique et culturelle, cet établissements - un temps détachés des préoccupations sociales de leur environnement - doivent encore aujourd’hui effectuer une mutation profonde de leur organisation pour dépasser le cadre de l’enseignement spécialisé et s’engager sur la voie de l’éducation musicale au côté d’une pluralité d’acteurs. Ce changement de paradigme, amorcé en 2005 avec la création du Haut Conseil de l’Éducation Artistique et Culturelle, donne une nouvelle légitimité à l’action de l’Etat, non plus centrée sur une logique de diffusion de l’art et la culture, mais orientée sur une logique de la demande, au sens d’une considération du désir et des choix de chacun à prendre une part active dans à la vie culturelle locale. Par ailleurs, ce renversement de cap intervient dans un climat de défiance citoyenne des Français à l’égard du monde politique. Une perte de confiance en la démocratie qui s’explique principalement par la persistance des préoccupations des citoyens devant l’incertitude économique et sociale de la nation, la peur du déclassement, le sentiment de mise à l’écart des lieux de pouvoir, et la technocratisation des décisions politiques ; un scepticisme renforcé aujourd’hui par l’inertie manifeste des États dans la prise en charge des questions environnementales. Dans ce contexte sociétal, notre propos, loin d’opposer l’enseignement artistique de la musique à l’éducation artistique et culturelle, vise à explorer dans le cadre d’une recherche-action les interactions qui, entre ces deux approches complémentaires des politiques publiques de la musique, favorisent l’émancipation individuelle et la citoyenneté, mais ouvrent également la voie à un agir collectif. Ainsi, tout au long de notre action de terrain menée au sein du Conservatoire intercommunal de musique du Pays d’Apt Luberon, notre démarche scientifique aura été de faire dialoguer ces deux missions autour d’un projet d’établissement commun, pour tenter de dégager certaines pistes de réponses à la problématique suivante : Alors que la référence récente aux droits culturels semble offrir un horizon plus large aux politiques publiques d’accès à la Culture, comment le conservatoire de musique, au travers de ses missions, pourrait-il se saisir de cet enjeu démocratique de la participation pour renouveler sa forme de contribution au développement d’espaces d’invention, de jeu, de pratique et de diffusion musicale, réellement collaboratifs ? Pour tenter d’apporter une réponse globale, j’ai souhaité élargir mon champ de recherche à la question du vivre-ensemble. En prenant appui sur les travaux de Joëlle Zask (philosophe sociale et politique), je me suis intéressé à la notion de participation comme processus de co-construction à la production de biens communs. La notion de « commun » pouvant également s’entendre au sens d’un lieu culturel à réinventer, un équipement à vivre et à partager, mais également comme processus ouvert à l’expérimentation de dispositifs d’apprentissage propices à la prise de parole et à la contribution de chacun.

Thesis resume

From the cultural institution to the making of a third place: the example of the intercommunal music conservatory of the Pays d'Apt Luberon. Faced with the democratic emergency which, in the aftermath of the 2015 attacks, mobilized our institutions, the network of artistic education conservatories, by virtue of its location throughout the national territory, appears to the Ministry of Culture as the one of the major tools of a new era in terms of cultural policy. In fact, invited to participate actively in the implementation of an artistic and cultural education policy, these structues - for a time detached from the social concerns of their environment - must still today carry out a profound change in their organization in order to go beyond the framework of specialized education and embark on the path of musical education alongside a plurality of actors. This paradigm shift, initiated in 2005 with the creation of the High Council for Artistic and Cultural Education, gives new legitimacy to the action of the State. No longer centered on a logic of dissemination of art and culture, it is oriented towards an incentive for demand, in the sense of a consideration of the desire and choices of each to take an active part in the local cultural life. Moreover, this reversal of course occurs in a climate of mistrust of the French citizen towards the political world. A loss of confidence in democracy which is mainly explained by the persistence of citizens' concerns in the face of the nation's economic and social uncertainty, the fear of downgrading, the feeling of being sidelined from places of power, and the technocratization of political decisions; a skepticism reinforced today by the manifest inertia of States in dealing with environmental issues. In this societal context, our purpose, far from opposing the artistic teaching of music to artistic and cultural education, aims to explore, within the framework of action research, the interactions which, between these two complementary approaches to political public music, promote individual emancipation and citizenship, but also open the way to collective action. Thus, throughout this field action carried out within the Intercommunal Conservatory of Music of the Pays d'Apt Luberon, our scientific approach will have been to bring these two missions into dialogue around a common structure project, in an attempt to identify some solutions to the following problem : While the recent reference to cultural rights seems to offer a broader horizon to public policies for access to Culture, how could the music conservatory, through its missions, take up this democratic issue of participation to renew its form of contribution to the development of truly collaborative spaces for invention, practice and musical dissemination ? In an attempt to provide a global answer, we wanted to broaden our field of research to the question of living together. Based on the work of Joëlle Zask (social and political philosopher), we are interested in the notion of participation as a process of co-construction in the production of common goods. The notion "common" can also be understood in the sense of a cultural place to be reinvented, an equipment to live and share, but also as a process open to experimentation with learning devices conducive to speaking out and everyone's contribution.