Soutenance de thèse de Léa PLESSIS

Ecole Doctorale
COGNITION, LANGAGE, EDUCATION
Spécialité
Psychologie
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
Relations fraternelles,Adultes,Schizophrénie,Détresse émotionnelle,Relations familiales,
Keywords
Siblings relationships,Adults,Schizophrenia,Emotional distress,Family relationships,
Titre de thèse
Relations fraternelles et intrafamiliales des frères et soeurs adultes non-malades de personnes souffrant de schizophrénie
Sibling and intra-family relationships of non-clinical adult siblings of people suffering from schizophrenia
Date
Vendredi 23 Octobre 2020 à 14:00
Adresse
Salle du Conseil (D317) Faculté de lettres Batiment Egger 29 Avenue Robert Schuman 13621 Aix-en-ProvenceAix en Provence
Salle du Conseil D317
Jury
Directeur de these Mme Evelyne BOUTEYRE Aix Marseille Université
Rapporteur Mme Aubeline VINAY Angers
CoDirecteur de these Mme Hélène WILQUIN Aix-Marseille
Rapporteur Mme Khadija CHAHRAOUI Bourgogne
Examinateur M. Laurent BOYER Aix-Marseille Université
Examinateur M. Charles BONSACK CHUV et Université de Lausanne

Résumé de la thèse

Objectifs : La majorité des recherches menées auprès de frères et soeurs portent sur la période de l’enfance. Pourtant, la relation fraternelle perdure tout au long de la vie. Chez les jeunes adultes et adultes, une relation fraternelle de qualité représente un réel facteur de protection pour la santé psychique. Mais lorsqu’un handicap se présente au sein de la fratrie, les bénéfices de la relation fraternelle peuvent être perturbés. Contrairement aux handicaps mentaux, les handicaps psychiques surviennent au cours de l’enfance ou au début de l’âge adulte. Les frères et soeurs ont connu leur proche sans les manifestations de la maladie et tentent alors de s’adapter à ce nouveau frère ou cette nouvelle soeur. Dans ce contexte, les recherches ont montré les différentes stratégies de coping mises en place par ces frères et soeurs pour faire face à cette situation stressante. Mais aucune, pour l’heure, n’a permis de caractériser la nature des relations fraternelles entretenues avec un frère ou une soeur souffrant de schizophrénie. Le premier objectif de cette recherche vise non seulement à spécifier la nature de ces relations fraternelles, mais également à en extraire les déterminants. Le second objectif met en exergue le vécu relationnel intrafamilial de ces frères et soeurs non-malades. Méthodologie : Au total, deux axes de recherche comprenant chacun deux études constituent ce travail. Le premier axe comprend deux échantillons de 187 frères et soeurs chacun (N = 374). L’un des échantillons, composé de frères et soeurs issus de la population générale, a été apparié à un échantillon de frères et soeurs de personnes souffrant de schizophrénie. Tous ont répondu à une série de questionnaires [sociodémographique, ASRQ-S (pour évaluer la relation fraternelle adulte), structuration familiale, détresse émotionnelle et estime de soi]. Des comparaisons de moyennes, des analyses de médiation et de régressions ont été réalisées. Le second axe de recherche comprend 10 jeunes frères et soeurs (< 30 ans) de personnes souffrant de schizophrénie dont le diagnostic a été posé récemment (< 10 ans). Des entretiens semi-directifs ont été menés. Une analyse thématique a été réalisée. Résultats : Les résultats du premier axe de recherche révèlent que les relations des frères et soeurs de personnes souffrant de schizophrénie présentent moins de proximité que celles de la population générale. Elles se caractérisent, en outre, par une rivalité et des conflits accrus. Cette relation fraternelle a, par ailleurs, un effet médiateur sur la détresse émotionnelle de ces frères et soeurs. Du reste, les conflits dans la relation fraternelle sont alimentés par la manière dont les frères et soeurs non-malades perçoivent la schizophrénie. Les résultats du second axe de recherche mettent en exergue l’impact du diagnostic de schizophrénie sur l’histoire passée et le présent de la famille. Nos résultats ont permis de montrer que lorsqu’ils font référence au passé les frères et soeurs cherchent les évènements susceptibles d’avoir précipité la maladie. Tandis que lorsqu’ils considèrent le présent, les frères et soeurs mettent en oeuvre tous les efforts pour rétablir l’homéostasie familiale. Alors qu’ils ne se reconsidèrent pas comme des aidants, ils ressentent le devoir de prendre soin de leur frère ou soeur malade ainsi que de leur mère. Conclusion : Les résultats de notre recherche mettent en évidence les difficultés émotionnelles que vivent les frères et soeurs adultes de personnes souffrant de schizophrénie. L’effet même d’une reconnaissance de leur existence et de leurs problématiques pourrait aider les frères et soeurs à se sentir légitimes face à leurs difficultés. Cette recherche a ainsi vocation à encourager les cliniciens à se saisir des présents résultats afin de permettre aux fratries d’être davantage entendues et mieux accompagnées.

Thesis resume

Objectives: Most research conducted with siblings focus on childhood. However, the sibling relationship continues throughout life and for adolescents and adults, a good sibling relationship is a protective element of mental health. When a disability arises between the siblings, the benefits of the sibling relationship can be disrupted. Unlike mental disabilities, psychic disabilities happen during childhood or early adulthood. The siblings, who have known their loved one before the manifestations of the disease, have to adapt to their new brother or sister. In this context, research has shown the different coping strategies put in place by these brothers and sisters to deal with this stressful situation. None yet has helped to characterize the nature of the sibling relationship maintained with a brother or sister suffering from schizophrenia. The first objective of this research is, not only to specify the nature of these sibling relationships, but also to extract their determinants. The second objective highlights the intra-family relational experience of the non-sick brothers and sisters. Methodology: This work consists of two axis of research, each based on separate studies. The first axis has two samples of 187 siblings each (N = 374). The first, made up of siblings from the general population, was matched with a sample of siblings of people with schizophrenia. All of them answered a series of questionnaires [socio-demographic, ASRQ-S (to assess adult sibling relationship), family structure, emotional distress and self-esteem]. Comparisons of means, mediation and regression analyzes were conducted. The second axis of research is based on a study of 10 young brothers and sisters (under 30 years old) suffering from schizophrenia whose diagnosis was made recently (less than 10 years ago). Semi-structured interviews were conducted. A thematic analysis was carried out. Results: The results of the first axis of research highlight that the relationships of the siblings of people suffering from schizophrenia are less warm than those of the general population. They are also characterized by increased rivalry and conflict. This sibling relationship also has a mediating effect on the emotional distress of these brothers and sisters. Moreover, conflicts in the sibling relationship are fueled by the way in which non-sick brothers and sisters perceive schizophrenia. The results of the second axis of research highlight the impact of the diagnosis of schizophrenia on family's past and present history. Our results have shown that when referring to the past, siblings look for events that may have precipitated the disease. While, when they look at the present, they make every effort to restore family homeostasis. Even if they do not see themselves as helpers, they feel that they have a duty to take care of their sick brother or sister as well as of their mother. Conclusion: Through these results, our research highlights the emotional difficulties experienced by adult siblings of people suffering from schizophrenia. The very effect of recognizing their existence and their problems could help brothers and sisters to feel legitimate with their difficulties. This research is therefore intended to encourage clinicians to take into consideration the present results in order to allow siblings to be better heard and supported.